Abstract

Dans son essai La Shoah de Monsieur Durand (2015), l’écrivaine belge Nathalie Skowronek réfléchit, à partir de son expérience personnelle, à la façon dont la mémoire de la Shoah s’est modifiée au fil du temps et à la question de la transmission future de cet héritage. Une analyse qui se confirme à la lecture du récit autobiographique, aussi bouleversant que captivant, Ciel avec trou noir (2014) de Caroline Alexander, dans lequel la journaliste culturelle, enfant cachée en Belgique durant la Seconde Guerre mondiale, relate la bienfaisante collaboration entre les deuxième et troisième générations, ainsi que la funeste indifférence, voire l’ignorance crasse de la génération suivante.

Highlights

  • Sur les deux plaques de cuivre, les ‘Stolpersteine’ du sculpteur Günter Demning, sont gravés les noms et dates de naissance de ma mère et de mon frère, suivis des indications : 1941, déportés à Riga

  • Provoquée par les informations qui lui furent fournies à l’automne 2007 par le préposé aux archives de la mairie de Mönchengladbach « s’est apaisée », « le vent continue de souffler sous mon crâne

  • Par un heureux hasard – « Hasard encore ? ou autre chose ? », elles tomberont sur Ida Grinspan et l’équipe de tournage venue filmer le témoignage de celle qui à 14 ans fut déportée à Birkenau, elle que Morgane avait rencontrée à plusieurs reprises et avec qui elle avait sympathisé : d’ailleurs, n’est-ce pas Ida

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Summary

Prologue

L’impression du trop tard que Nathalie Skowronek (Bruxelles, 1973) éprouva au cours de la rédaction et lors de la publication de Max, en apparence (2013), un roman dans lequel l’écrivaine belge retraçait le parcours de son grandpère rescapé de la mine de charbon de Jawischowitz – un camp situé à quelques kilomètres d’Auschwitz –, l’amènera à réfléchir, d’une part, à la manière dont la. Mais pas seulement : l’Europe, elle aussi, s’était construite autour de cet événement (in Audétat 2015) –, que la mémoire de la Shoah ne tétanise plus aujourd’hui comme elle le faisait auparavant, qu’une forme de désintérêt ou de distanciation vis-à-vis de ce passé s’est installée chez les post-millennials, Skowronek s’interroge, non sans quelque inquiétude, sur la façon dont cette génération Z s’appropriera un tel héritage : certes, la mémoire de la Shoah continuera de se transmettre, mais, dit-elle, « ce ne sera plus la parole incarnée que j’ai entendue dans la bouche de mon grandpère. Et quand je dis la Shoah, ce sont aussi ses codes, ses interdits, la responsabilité à laquelle elle oblige » (Skowronek 2015) : « On ne saura plus qui parle, ni d’où, mais cela n’aura plus la même importance, ce sera même là la nouveauté : une. Ciel avec trou noir, dans lequel la journaliste, enfant cachée en Belgique durant la Seconde Guerre mondiale, relate l’étroite et bienfaisante collaboration entre les deuxième et troisième générations, ainsi que la funeste indifférence, voire l’ignorance crasse de la génération suivante

Un sujet non épuisable
Le pèlerinage de Mönchengladbach en 1989
Les années belges : les années de formation
La résilience par l’écriture
Les “Stolpersteine”
Le besoin absolu de savoir
12 Dezember 1902 in Odenkirchen
Épilogue
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