Abstract

Cet article porte sur les processus de mise à l’écart résidentielle des migrants âgés qui sont arrivés en France au cours des Trente Glorieuses et n’ont pas de famille en France. Il est tiré de deux études sociologiques. La principale, initiée dans le cadre d’un Programme régional d’insertion des populations immigrées, fut menée dans l’agglomération nantaise en 2006. Elle a consisté à réaliser une série d’entretiens auprès de professionnels en charge de personnes âgées (médecins, assistants de service social, professionnels de l’aide à domicile, etc.) et de migrants de plus de soixante ans. Cette étude a été complétée par le recueil d'entretiens réalisés la même année auprès de migrants âgés de la ville du Mans et du directeur de la Résidence sociale de cette ville.Ces migrants, lorsqu’ils n’ont pas été rejoints par leur famille, résident le plus souvent dans des foyers de travailleurs. Les logements ont été construits au début des années soixante-dix pour les travailleurs immigrés de passage. Ils étaient donc pensés comme des logements provisoires : ils ne répondent pas aux besoins de personnes installées durablement et moins encore à ceux des personnes âgées. Comment comprendre dans ce cas que des migrants très âgés y résident encore ? A Nantes, sur quatre foyers que compte la ville, deux ont fait l’objet de récentes rénovations pour passer au statut de Résidence sociale. Leur mission d’hébergement provisoire continue de guider les ingénieurs en charge de les penser. Pourtant certaines places sont systématiquement réservées aux migrants âgés. C'est également le cas au sein de la Résidence sociale du Mans. Pourquoi des migrants âgés demeurent-ils comme assignés à résidence dans ces foyers plutôt que d’être orientés vers des structures gérontologiques ou des logements de droit commun ?Notre article tentera de répondre à ces questions en adoptant une double approche. Nous éclairerons d’abord les résistances dont les migrants âgés résidents des foyers font preuve lorsque leur sont proposés de nouveaux logements. La trajectoire migratoire et la crainte du déracinement seront des éléments de compréhension majeurs. Nous interrogerons ensuite les résistances des structures destinées au logement des personnes âgées, vis-à-vis de la prise en charge de migrants du troisième ou du quatrième âge. Nous verrons alors que le grand âge des hommes concernés ne les préserve pas des préjugés culturalistes.

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