Abstract

Au terme des années 1960, certaines structures syndicales sont le creuset d’un « environnementalisme ouvrier », articulant une critique de la monétarisation des risques professionnels à une démarche de protection du cadre de vie des classes populaires contre la pollution industrielle. La période étudiée s’étend de 1966 à l’issue des années 1980, permettant d’étudier deux séquences souvent examinées séparément, en éclairant l’emboîtement entre la conflictualité sociale des années 1968 et la mutation de l’action publique en matière de santé au travail et de gestion des risques industriels à l’issue de la décennie 1970. Une cohorte de syndicalistes invitent alors à sanctuariser la santé. En refusant le cadre réglementaire hérité des lois sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, ces syndicalistes entendent soustraire ces enjeux aux relations paritaires et proposent d’instituer la santé comme une « valeur en soi ». Pour certains militants, cette démarche devient aussi un levier pour interroger l’utilité sociale et la viabilité écologique des choix de production.

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