Abstract
Depuis des décennies, les filières agroalimentaires génèrent des coproduits de première ou de deuxième transformation qui représentent en France un gisement important (12 millions de tonnes de matière sèche), dont plus de la moitié est issue des filières de la trituration (29 %), de la sucrerie (14 %) et de l'amidonnerie-féculerie (13 %). Les trois-quarts de ces ressources sont valorisés en alimentation animale, pour 80 % environ via les aliments composés et 20 % directement en élevage. De ce fait, les coproduits, que les réglementations européenne et française distinguent clairement de la catégorie « déchets », sont des matières premières de l'alimentation animale à part entière et doivent en respecter la réglementation. La disponibilité de ces coproduits peut fortement varier dans le temps avec une saisonnalité marquée pour certaines filières, ou dans l'espace selon la répartition des usines agroalimentaires sur le territoire et la superposition avec les zones d'élevage. Les procédés technologiques générateurs de ces coproduits peuvent différer d'une filière à l'autre. La nature et la composition chimique des coproduits dépendent du procédé mis œuvre qui peut évoluer dans le temps, mais également d'une usine à l'autre au sein d'une même agro-industrie. Leur bonne valorisation en alimentation animale est largement conditionnée par une connaissance précise de la qualité des différentes fractions organiques (parois végétales et protéines, notamment) ou minérales accumulées dans les coproduits, et de l'efficacité de leur utilisation qui peut varier fortement selon l'espèce animale destinataire (ruminants ou monogastriques) et selon les types de process appliqués. Un certain nombre de recommandations alimentaires et sanitaires doivent être appliquées pour garantir une utilisation optimale des coproduits par les animaux sans pénaliser leurs performances zootechniques. Ces coproduits présentent de ce fait une réelle valeur économique qu'il est possible de déterminer, même pour les ruminants, au moyen des outils de formulation à moindre coût par programmation linéaire couramment utilisés chez les monogastriques.
Highlights
Même si l’industrie agro-alimentaire a pour objectif de fabriquer des denrées alimentaires destinées à l’Homme, elle a toujours généré simultanément des matières premières non consommables directement par l’Homme mais potentiellement intéressantes pour l’alimentation des animaux
Depuis plusieurs décennies, l’utilisation des coproduits dans l’alimentation animale s’est progressivement accrue pour des raisons économiques et environnementales tout en veillant à satisfaire les contraintes réglementaires et sanitaires imposées en élevage
Dans l’enquête Réséda de 2017 (Réséda, 2017), le volume de coproduits issus des principales industries agroalimentaires en France a été estimé à 12,1 millions de tonnes (Mt) de Matière Sèche (MS)
Summary
Même si l’industrie agro-alimentaire a pour objectif de fabriquer des denrées alimentaires destinées à l’Homme, elle a toujours généré simultanément des matières premières non consommables directement par l’Homme mais potentiellement intéressantes pour l’alimentation des animaux. Les démarches actuelles qui tendent à prendre en compte les impacts environnementaux des productions animales montrent que les coproduits ont un faible impact environnemental comparativement aux autres aliments, du moins lorsque les calculs sont basés sur une allocation économique des impacts du processus de fabrication comme c’est le cas dans la base de données ECOALIM (Wilfart et al, 2016). L’introduction des coproduits agroindustriels, qui ne sont pas directement valorisables par l’Homme, dans les rations des animaux permet d’améliorer l’efficience nette des systèmes de production, sur le plan protéique et énergétique. À l’inverse, seront décrites ici – de façon transversale aux différentes filières agro-industrielles – les principales thématiques qu’il convient d’aborder dans une démarche de réflexion conduisant à une meilleure connaissance des coproduits en vue de leur valorisation optimale en alimentation animale. Seront abordés successivement : la définition des coproduits, la quantification de leurs principaux gisements et leur disponibilité, la connaissance des process qui les génère, leur caractérisation précise en termes de composition chimique et de valorisation nutritionnelle, les risques éventuels qu’ils peuvent engendrer, ainsi que l’évaluation de leur intérêt économique
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