Abstract

Le syndrome de burnout est une des manifestations possibles de la souffrance des soignants. Il associe un épuisement émotionnel (EE), une dépersonnalisation (DP) et une diminution de l’accomplissement personnel (DAP). L’apprentissage de la chirurgie durant l’internat est une période éprouvante pour les futurs chirurgiens, et par conséquent, on suppose qu’ils sont particulièrement exposés au risque de burnout. Cependant cette donnée n’est pas connue chez les internes d’orthopédie–traumatologie en France aussi nous avons mené une enquête prospective afin :– d’évaluer la prévalence du syndrome de burnout chez les internes de chirurgie orthopédique français ;– de tenter de déterminer les facteurs associés.La prévalence du syndrome de burnout chez les internes de chirurgie orthopédique français est au moins aussi importante que dans les autres spécialités médicales et chirurgicales.Nous avons conduit une enquête nationale entre février et avril 2017, en diffusant un questionnaire numérisé par voie électronique. Le syndrome de burnout était évalué par le score MBI (Maslach Burnout Inventory), et les symptômes dépressifs par le GHQ-12 (General Health Questionnaire). Des données démographiques, sur la vie de couple et liées à la pratique chirurgicale étaient également recueillies.Cent sept des 480 internes (22 %) en formation déjà engagé en orthopédie–traumatologie ont répondu à l’enquête. L’âge moyen était de 27 ans et on retrouvait 65 % (n = 70) d’hommes. Vingt-six pour cent (n = 28) des répondants présentaient un degré élevé d’EE, 63 % (n = 68) un degré élevé de DP, et 33 % (= 36) une DAP. Quarante pour cent (n = 43) des internes avaient un score pathologique à 2 ou 3 sous-échelles du MBI, correspondant à un syndrome de burnout sévère. Des symptômes dépressifs (GHQ-12) étaient présents chez 43/107 internes (40 %). Soixante et un pour cent (n = 66) des participants déclaraient ne pas recommander à leurs enfants de pratiquer la chirurgie orthopédique ou des études de médecine. Onze des 107 internes (10 %) déclaraient avoir présenté des idées suicidaires au cours de la dernière année. Après les analyses statistiques, les erreurs médicales (OR : 8,8 ; IC 95 : 1,7–58,7 ; p = 0,0121), les troubles dépressifs (OR : 19,3 ; IC 95 : 2,9–196,0 ; p = 0,0048) et le fait d’être célibataire (OR : 4,7 ; IC 95 : 1,4–18,9 ; p = 0,0173) étaient des facteurs de risque de burnout.Cette étude, malgré un taux de réponse de 22 %, permet d’avoir une idée du taux du burnout (40 % de burnout sévère, et 10 % d’idées suicidaires) des internes de chirurgie orthopédique français, avec sans doute une surreprésentation puisque le « mal être » peut favoriser la réponse à l’enquête. Dans la littérature, le burnout est associé à une augmentation du risque d’erreurs médicales et de conduites suicidaires. Ces résultats montrent l’importance de la prise en charge et du dépistage du syndrome de burnout chez les personnels soignants.IV, étude prospective sans groupe contrôle, descriptive transversale.

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