Abstract

Résultat d’une thèse de doctorat, cette première édition critique complète de la cinquième mise en prose du Roman de Troie est accompagnée par un apparat critique minutieux et bien organisé. La matière troyenne en prose, dérivée du roman de Benoît de Sainte-Maure, comprend cinq adaptations composées à partir de la seconde moitié du treizième siècle. Par rapport aux autres versions, Prose 5 se fait remarquer par son contenu mais aussi par sa féconde diffusion dans le monde méditerranéen, jusqu’au seizième siècle. Composée en Italie vers 1330–40, elle combine Prose 1 et 3, auxquelles s’ajoutent l’Histoire ancienne jusqu’à César et les Héroïdes. La tradition manuscrite est soigneusement présentée dans l’Introduction qui a le mérite d’esquisser une image globale de tous les témoins, tout en établissant des couples de manuscrits apparentés. Cette étude s’ajoute aux travaux partiels de François Avril, pour les cycles iconographiques, et de Luca Barbieri et Marc-René Jung, et reprend les conclusions d’une recherche plus ample dédiée aux hypotextes du roman, que Rochebouet est en train de publier. Le plus ancien témoin sur un total de dix-sept existants, Londres, British Library, MS Royal 20 D I, a servi de base pour l’établissement du texte, sans qu’il soit l’ancêtre commun dont descend l’ensemble de la leçon manuscrite. L’analyse linguistique soulève quelques problèmes liés à la langue et au caractère supposé italienisant du texte, tout en soulignant l’intérêt de la tradition manuscrite pour l’observation du passage de l’ancien au moyen français. L’hypothèse d’un scribe italianophone est rejetée en faveur de celle de la production du manuscrit dans le milieu francophone de la cour angevine de Naples. L’appartenance du manuscrit de base au foyer napolitain fait l’objet d’une soigneuse étude visant à montrer les particularités du français utilisé à la cour de Naples, où il est, à la fois, une langue véhiculaire et prestigieuse, liée à une production écrite tout aussi prestigieuse. La particularité linguistique du plus ancien manuscrit de Prose 5 est également le résultat de facteurs internes, liés à la genèse du texte et à la pratique de la compilation qui a comme effet l’hétérogénéité de la langue. C’est une langue conservatrice qui manifeste plutôt l’influence du français d’Outremer que des influences locales. L’apparat critique est organisé sur trois étages et s’avère un outil précieux pour le lecteur. Le premier étage contient les variantes rejetées, tandis que le deuxième offre une place privilégiée aux variantes à trouver dans les manuscrits de contrôle, visant à offrir une image complète de la tradition textuelle. Au troisième sont signalés les hypotextes, permettant au lecteur de situer chaque fragment dans la matière troyenne. Le texte est suivi par une consistante section de notes critiques, tout aussi riches que le reste de l’apparat critique, et par un glossaire très utile. Les notes dédiées aux références géographiques et aux realia sont particulièrement pertinentes, car elles offrent au lecteur l’accès aux contours spatiaux du roman et de dégager les références au contexte politique contemporain.

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