Abstract

Pour tout étranger visitant Haïti pour la première fois, le constat sur le paysage linguistique est inévitable : le français est la langue majoritairement utilisée dans l’espace public urbain. Par exemple, les panneaux indicateurs, les enseignes commerciales, les noms des rues, des bâtiments publics ou privés, les noms des écoles et des églises sont pour la plupart écrits en français. Or, depuis quelques années, le créole haïtien commence progressivement à se tailler une modeste place dans le paysage linguistique via les graffitis, les banderoles à caractère politique et éducatif, etc. À cela s’ajoute aussi l’anglais qui tend à occuper une place non négligeable dans ce paysage linguistique. La Constitution haïtienne de 1987 est sans équivoque : il y a deux langues officielles dans le pays, le français et le créole haïtien. Mais cette même Constitution a pris le soin d’ajouter que seul le créole représente la langue nationale, et elle est la seule langue qui cimente tous les Haïtiens. Malgré cette désignation évidente, le créole peine encore à occuper la place qu’il mérite dans le quotidien scriptural des Haïtiens. Étant la principale langue parlée par tout Haïtien vivant en Haïti, un seul coup d’œil sur la première page du plus grand quotidien haïtien, Le Nouvelliste, donnera une autre perception puisque la prévalence est pour le français dans les colonnes de ce journal et cela représente un autre exemple de franco-dominance. Il faut aussi noter que plupart des notes et circulaires importantes affectant la vie de tous les Haïtiens sont rédigées en français, langue que beaucoup d’Haïtiens ne comprennent pas. Soucieux de la place prépondérante qu’occupent les questions de langues dans le développement du pays, j’ai toujours remarqué cet écart dans le paysage linguistique du pays. De surcroît, lors d’un voyage en Haïti en 2017, ce constat est devenu d’autant plus frappant vu l’absence très remarquée du créole haïtien de la couverture linguistique sur le trajet de l’aéroport Toussaint-Louverture à la route de Frères. S’appuyant sur les travaux de chercheurs canadiens, en particulier Bourhis et Landry (1997) et Cormier (2015) sur le choix et la politique de l’utilisation des langues dans le paysage linguistique d’un pays, cet article vise à présenter le paysage linguistique de la route de Frères, zone pluriculturelle et multilingue et y analyser la visibilité du français, du créole haïtien et de l’anglais au moyen de 174 photographies prises sur cette route durant le mois d’août 2021.

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