Abstract

La vanité, dans sa représentation la plus générale, nous invite à arrêter quelques instants notre course en avant, à mettre de côté nos divers agissements et à nous interroger sur notre destinée. La littérature, la peinture se focalisent souvent sur la fragilité de la vie. Elle est comparée à un souffle, à une vapeur qui paraît pour peu de temps. Les biens terrestres, les plaisirs mondains paraissent vains et éphémères et la quête incessante de l’homme toute aussi illusoire. Raoul Danaho, dans son roman Chaque heure blesse, publié en 1968, évoque l’histoire d’un jeune homme qui cherche sa propre identité et sa propre place dans le monde. Albert, cet homme originaire de Cayenne, s’est retrouvé à Paris, mais il n’y trouve pas la tranquillité souhaitée. La vie ne présente aucun attrait à ses yeux. Il doit « s’efforcer de vivre ». Il se sent vide, incapable de fusionner avec le monde environnant et l’écriture de Danaho devient par là même fragmentaire comme pour « réfléchir » la vanité de l’existence. Albert cherchera -t-il « vainement » à « poursuivre sa route », « ce tâtonnement dans le noir, cette marche aveugle dans la nuit » ou la rhétorique de la vanité se distendra-t-elle donc pour lui permettre de trouver une voie salutaire ? La Rochefoucauld énonçait avec une certaine acuité les propos suivants, renvoyant l’homme à lui-même, à ses semblables et au prisme réfléchissant: « Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c’est qu’elle blesse la nôtre» (1664, 390). Nous sommes en droit de nous demander si la lumière parviendra à atteindre et à irradier le cœur humain.

Highlights

  • L ’Ecclésiaste débute ses réflexions par la formule « Vanité des vanités, vanités des vanités, tout est vanité » et il ajoute : « Quel avantage revient-il à l ’homme de toute la peine qu ’il se donne sous le soleil ? [...] Ce qui a été, c ’est ce qui sera, et ce qui s ’est fait, c ’est ce qui se fera, il n ’y a rien de nouveau sous le soleil

  • Ce charivari était familier de ses nuits. [...] Cependant Albert trouvait un charme particulier à ces réveils en pleine nuit [...]. (Danaho, 1968, p. 10)

  • L ’informe monte progressivement à la lumière et c ’est ainsi qu ’Albert trouvait un charme particulier à ces réveils en pleine nuit : le silence revenu, il prenait les yeux fermés, une conscience plus aiguë de sa propre nuit, de la nuit immense qu ’il portait depuis si longtemps en lui, une nuit qui n ’avait pas d ’issue, ne débouchait sur aucune aube, aucune aurore

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Summary

L ’effort prolongé dans la nuit

Le roman s ’ouvre sur une citation de Francis Carco, extraite de L ’ombre datant de 1933, qui nous rappelle comment l ’individu peut tâtonner, déambuler, en quête d ’une autre vie, de signes manifestes, mais que l ’entreprise ne semble pas toujours aisée : Où me portaient mes pas, c ’était la même histoire, J ’allais toujours vers les sifflets des trains, Sur un grand boulevard trouble et peuplé de fantômes. L ’informe monte progressivement à la lumière et c ’est ainsi qu ’Albert trouvait un charme particulier à ces réveils en pleine nuit : le silence revenu, il prenait les yeux fermés, une conscience plus aiguë de sa propre nuit, de la nuit immense qu ’il portait depuis si longtemps en lui, une nuit qui n ’avait pas d ’issue, ne débouchait sur aucune aube, aucune aurore. L ’homme se révèle à lui-même et, selon la définition de Friedrich Nietzsche, il « remarque à temps que ce n ’est pas ce qu ’il est, mais ce pour quoi il passe qui le soutient ou l ’abat : voilà l ’origine de la vanité » Nous sommes en droit de nous demander si la lumière parviendra à atteindre et à irradier le cœur d ’Albert ou si la rhétorique de la vanité se distendra pour lui permettre de trouver une voie salutaire

Une lumière et un chemin accessibles ?
Conclusion
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