Abstract

Quand nous profitons d’un repas à l’occasion d’une escale sur la RN7, nous faisons plus que manger : nous assimilons une expérience culturelle avec les sens, bien sûr, mais aussi avec le souvenir et la nostalgie d’un autre temps ; celui de la patrimonialisation. C’est ce moment recherché, cher à la conquête de nos expérimentations et sensations, qui motive certains d’entre nous à partir à la recherche de l’authenticité de cette route, où l’émotion et la perception se rejoignent. La quête est de réussir à savourer, l’instant d’une étape, le « paysage gastronomique ». Pour préciser ce concept, il me semble nécessaire de prendre en compte la représentation que se fait le touriste de la conceptualisation gastronomique d’une région, pour pouvoir l’attirer, et ne pas raisonner seulement en valorisant des spécialités ou produits régionaux. Il faut également prendre en compte, voire intégrer, l’environnement spatial et économique du concept, en un mot prendre en compte « le terroir », c'est-à-dire les paysages, la culture, les conditions climatiques, la mise en scène, l’ambiance. On n’apprécie pas de la même façon la même bouteille de Chablis ou d’Hermitage dans la cave locale ou chez un caviste de Toulouse ou de Paris. Ainsi, les métiers de la gastronomie arrivent à faire partager leur passion aux touristes, mais aussi leur faire découvrir leurs savoir-faire. Tout en traçant sur la Nationale 7, le touriste est sans aucun doute en train de nouer une relation très intime avec un territoire dans la façon de symboliser les moments d’un trajet ou d’une vie.En nous appuyant sur des représentations symboliques que les touristes ou les usagers peuvent avoir des acteurs et des établissements présents le long de la « route bleue » (Dubois, 2012), nous portons notre lecture, essentiellement attachée à l’image de cette route au XXe siècle, sur les effets gastronomiques qui ont construit l’identité culinaire de cet axe routier. On part donc du postulat du paysage et de l’axe routier comme un vecteur gastronomique, parce qu’en fin de compte, des vacances réussies se résument en trois mots : « c’est beau, on y mange bien, les gens sont sympas. ». Ces mots font référence à des valeurs esthétiques, culinaires et relationnelles qui concernent chaque territoire et son patrimoine paysagé. Car de ces paysages sont issues des productions, une attractivité touristique et aussi des prestations ou produits qui sont dits « de terroir » (Yengué, Stengel, 2019), issus d’une terre, d’un paysage, d’une culture, d’une identité culturelle, d’un savoir-faire local. On voit ainsi l’existence d’une forme de « touriste mangeur », puisque les vacances sont devenues le temps du bien manger, de prendre le temps de manger.

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