Abstract

Dans les cinq pays analysés (Liban, Syrie, Yémen, Libye, Irak) les milices ne se positionnent pas en opposition à et n’entrent pas dans un registre conflictuel avec l’État, mais prétendent au contraire être ses gardiennes et protectrices. De ce fait, elles s’efforcent d’obtenir le monopole de coercition en empêchant d’autres acteurs d’y avoir accès. Elles s’imposent aux sociétés pour faire respecter leur vision du monde ainsi que leur système de gouvernance. Le mode de domination milicienne combine le contrôle coercitif à diverses formes de légitimation. Toutefois, réduire l’ordre milicien uniquement à son aspect militaire est un obstacle épistémologique à éviter. Certes, le domaine militaire est son premier champ d’action, mais il est indéniable que les milices peuvent également exiger des contributions financières de la population sans offrir de contrepartie, édicter ou modifier les lois auxquelles la collectivité doit se soumettre, revendiquer le pouvoir de juger et de punir, ainsi que concevoir des orientations majeures et des macro-stratégies de l’historicité qui engagent l’ensemble de la société. À leur échelle nationale respective, les facteurs favorisant l’ascension de l’ordre milicien sont nombreux, complexes et variés. De l’effondrement de l’État aux problèmes sociaux, de l’échec du Printemps arabe au désengagement de la nouvelle génération, il existe une réalité objective qui facilite la milicisation du Moyen-Orient. Cependant, force est d’admettre que, malgré des réalités objectives internes à chaque pays, l’Iran, en tant que puissance régionale, joue aussi un rôle déterminant dans la conception, la mise en œuvre, le déploiement, la gestion et l’orientation de l’ordre milicien du Moyen-Orient.

Full Text
Published version (Free)

Talk to us

Join us for a 30 min session where you can share your feedback and ask us any queries you have

Schedule a call