Abstract

La laïcité est une « exception française » et la France le « pays des droits de l’homme ». En revenant sur les impensés historiques à l’origine de ces deux slogans cocardiers, l’auteure cherche à analyser la part et l’influence croisées des philosophies politiques qui ont le plus marqué le républicanisme français en matière de définition des droits et des libertés au cours de son histoire. Les formes prises par la laïcité française dans l’histoire longue de l’affirmation politique des droits de l’homme ont en effet oscillé entre la promotion d’une vision libérale portée par la pensée de John Locke et la mise en œuvre d’une conception plus étatiste préconisée par celle de Jean-Jacques Rousseau. La question centrale à ce débat autour de la forme et des destinataires premiers des droits et des libertés continue d’être débattue jusqu’à nos jours : est-ce à l’État laïque de s’adapter aux religions ou bien est-ce au contraire aux religions et à leurs adeptes qu’il convient de se plier intégralement aux exigences républicaines ? Avec l’exaltation récente au plus haut niveau des « valeurs républicaines » censées devoir s’imposer à tout autre système de valeurs, c’est la seconde proposition qui a actuellement la préférence des politiques. Il n’en pas toujours été ainsi. L’auteure revient sur le processus long de l’implémentation de la liberté religieuse en France, en en pointant les détours et les singularités. Au terme de cette analyse, l’auteure se demande si la teneur actuelle de la politique laïque en France ne tend pas à mettre en cause le respect inconditionnel dévolu aux idéaux libéraux portés par le système international des droits de l’homme.

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