Abstract

L’article porte sur l’origine et le développement de l’école française de technologie préhistorique. En remontant aux sources, les auteurs montrent comment la chaîne opératoire, concept proposé par A. Leroi-Gourhan, ethnologue et préhistorien, a d’abord été développé par les ethnologues puis appliqué à l’étude du lithique préhistorique en liaison avec eux.
 La découverte du site de plein air de Pincevent a permis à Leroi-Gourhan de développer ses idées quant à une approche ethnographique d’une occupation préhistorique et les remontages de silex qui restituent les séquences de débitages ont été pour la première fois utilisées de façon systématique. La lecture de ces remontages a conduit à développer le concept de chaîne opératoire. Parallèlement J. Tixier concevait une méthode d’étude spécifiquement adaptée à l’analyse des productions taillées lithiques en s’appuyant sur la lecture de débitages expérimentaux pratiqués par son équipe. La mise en commun des idées développées par Tixier et son équipe et par le laboratoire d’Ethnologie préhistorique de Leroi-Gourhan, la pratique de l’expérimentation, de la taille du silex et des remontages de nucléus a conduit à des développements qui ont porté d’abord sur les techniques et méthodes de taille. Puis cette coopération a permis d’affiner une identification des niveaux de compétence, de l’apprentissage à la haute performance, puis, au delà, une reconnaissance des individus tailleurs à partir de caractéristiques idiosyncratiques de débitage. S’ouvrait ainsi le chemin vers l’analyse du domaine économique et enfin des domaines cognitif et social à partir de l’organisation spatiale d’habitats du Paléolithique supérieur.
 Le concept et tous les champs de recherche qu’ouvrait son application ont ensuite été adoptés dans d’autres domaines que le lithique : l’os, la céramique, le métal, l’archéozoologie et le funéraire, impliquant le développement de critères appropriés et de techniques d’observation et d’expérimentation adaptées au matériau ou aux pratiques. Tout en s’appuyant sur les acquis, deux démarches récentes portant sur le moyen et long terme ouvrent de nouvelles pistes.
 Flexibilité, vision dynamique des processus et connexion structurelle de la sphère technique à toutes les dimensions humaines font de la chaîne opératoire une efficace machine à penser les processus de production et leur place dans la société.

Highlights

  • Dès 1983 Pigeot s’interroge : linéaire, dans l’ordre de débitage, ou synthétique (Pigeot [Thèse 1983] 1987: 8), mouvement individuel ou collectif des silex (Olive 1988) (Figure 21b) ? C’est lorsque sont pris en compte à la fois la chronologie, la nature des enlèvements regroupés en phases que la représentation graphique devient lisible pour le lecteur

  • South African Archaeological Bulletin 71(204): 130-145 (en anglais) (“Steenbokfontein 9KR, un site de printemps du Paléolithique moyen a Limpopo, Afrique du Sud”)

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Summary

Apparition du concept chez les ethnologues

Le concept de chaîne opératoire s’est mis en place dans un contexte de développement de la technologie, étude raisonnée des techniques, courant original de l’anthropologie française (Bonte 1986; Lemonnier 1986; Haudricourt 1987; Schlanger & Sinclair 1990) ; et au delà, dans un véritable milieu extérieur favorable qui se développe très largement après 1945, où le mot « chaîne » est couramment employé dans l’industrie (travail à la chaîne, chaîne de production, chaîne de montage, etc.). Dans le même temps Balfet succède à Leroi-Gourhan à la tête du département de Technologie comparée que ce dernier avait dirigé au Musée de l’Homme tout en étant détachée à l’Université d’Aix-en Provence pour y enseigner l’ethnologie des techniques. En 1975, dans le chapitre « Technologie » du manuel Éléments d'Ethnologie 2, dirigé par Creswell, Balfet parle du « découpage de la chaîne opératoire par séquences et opérations élémentaires jusqu'(...aux) atomes techniques ; ici nous intéresse au premier chef ce qui est considéré comme début et fin de la chaîne, les coupures (...) et aussi les raccords avec d'autres opérations ou des chaînes annexes » (Balfet 1975: 67). L’objectif n’est pas de simplement décrire tous les moments de la mise en œuvre d’une activité, mais, à travers le déroulé de ce synopsis, passage nécessaire à sa compréhension, de rendre compte des processus techniques et d’aborder les systèmes techniques comme expression d’une société

L’approche du laboratoire d’Ethnologie préhistorique : Les remontages
Un bilan d’étape : Le colloque de 1991
L’apport de la chaîne opératoire à l’analyse spatiale
Cinquante ans plus tard
Qualitatif ou quantitatif ?
Avec ou sans la chaîne opératoire : vers une Paléohistoire
Les secrets d’un succès
Findings
Pour conclure
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