Abstract
Dès sa première présentation publique en janvier 1946, La Bataille du Rail de René Clément fit l'objet de tentatives d'appropriation multiples, en apparence peu conciliables, caractérisées par une même consécration du film comme récit authentique et « œuvre de témoignage » Double paradoxe d'une fiction érigée en signe et preuve de réalité, revendiquée par des courants d'opinion contraires, tous autorisés cependant par les ambivalences de la narration.Dans un article publié en 1986, Jean-Pierre Bertin-Maghit s'intéresse au premier paradoxe de La Bataille du Rail en cherchant à démontrer comment, « derrière le recours à l'authenticité et à l'insu du groupe de réalisation, le film construit une codification de la Résistance » qui aboutit à une véritable mythologie héroïque. L'auteur décrit ainsi le « glissement effectué entre le désir de faire authentique — idée de départ — et la chanson de geste — film réalisé — » dont il montre qu'il eut pour effet principal de « décomplexer » le public français d'après-guerre au moyen d'un processus d'implication progressive du spectateur qui aboutit à son identification finale aux cheminots victorieux.
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