Abstract

Cet article analyse les conséquences des comportements migratoires de trois groupes sociaux (les étudiants, les actifs et les retraités) sur les structures sociales européennes. Après avoir passé en revue l’état de la recherche sociologique sur le sujet, l’article identifie deux profils idéal-typiques de migrants européens : d’une part, les personnes prédisposées à la mobilité par leur capital humain et relationnel et d’autre part, celles dont les décisions de migration dépendent de l’existence de structures d’opportunité au niveau européen. L’étude détaille ensuite, pour chaque groupe social, les motivations des décisions individuelles de migration et analyse les conséquences de la démarche migratoire sur les sociétés d’accueil. Les auteurs soulignent l’importance de la socialisation en réseau et notent l’européanisation accrue de certains de ces réseaux. Cette étude conclut qu’il n’est pas possible d’identifier une classe privilégiée d’Européens mobiles, puisque l’accès à la mobilité s’est considérablement démocratisé et ouvert à de nouvelles catégories socioprofessionnelles. En revanche, l’exercice du droit à la mobilité permet aux migrants européens de s’approprier la géographie européenne et de créer du territoire, ce qui pourrait anticiper l’émergence d’une société européenne.

Highlights

  • Mots clés : Migrations, territoires, identité, socialisation, européanisation Cet article analyse les conséquences des comportements migratoires de trois groupes sociaux sur les structures sociales européennes

  • Ce sont principalement des facteurs individuels qui motivent la décision de mobilité, laquelle n’est donc pas conditionnée par la présence de structures d’opportunité, dans la mesure où ces migrants sont disposés à jouer le rôle de « pionniers de l’intégration européenne » (Recchi et Favell 2009)

  • La mobilité citoyenne en général, et celle des migrants utilitaristes en particulier, aboutit ainsi à la constitution d’un territoire proprement européen sur lequel pourrait émerger une société européenne

Read more

Summary

L’état de la recherche sociologique

La dimension sociologique de l’intégration européenne est devenue une problématique de choix pour les sciences sociales et les études européennes à partir des années 1990, du fait de certains changements géopolitiques comme la chute du communisme et l’adhésion rapide des pays d’Europe centrale et orientale à l’Union européenne (UE) ou encore du fait de l’évolution du contexte international qu’implique la mondialisation. Il faudrait comprendre l’intégration sociale européenne comme une mutation sociale dans le contexte des transformations globales en cours (Delanty et Rumford 2005 : 2-7), liées à la constitution d’une économie globale fondée sur les réseaux d’information (Castells 1996 : 29-56). Il importe donc d’étudier les décisions de mobilité de ces nouvelles franges de la population et de les comparer à l’aune des schémas identifiés par la recherche sociologique pour les actifs migrants pour des raisons professionnelles À cet égard, de récentes études sur les nouvelles migrations européennes (King 2002) ont par exemple mis en évidence la singularité de la motivation des migrants inactifs, chez qui le lien traditionnel entre mobilité géographique et mobilité professionnelle est par définition soit ténu (étudiants), soit totalement inexistant (retraités). Finalement, nous entendons montrer que toutes ces formes de mobilité géographique sont à même d’opérer un processus de reclassement pour ses protagonistes, l’Europe devenant ainsi un terrain à investir par des acteurs n’ayant pas précédemment bénéficié d’un accès à la mobilité

Clarifications conceptuelles
Les deux profils de migrants européens
Les étudiants
Les actifs migrant pour des raisons professionnelles
Conclusion
Les retraités
Full Text
Published version (Free)

Talk to us

Join us for a 30 min session where you can share your feedback and ask us any queries you have

Schedule a call