Abstract

Si la question de l’écogeste déborde le champ de l’art et est indépendante des questions artistiques, il n’est pas certain que l’art, en particulier les arts participatifs contemporains, demeurent parfaitement extérieurs à cette problématique de la vie individuelle et sociale ordinaire. Pour théoriser ce qui serait un art de l’écogeste, il convient de trouver une esthétique qui en parle efficacement et qui jouisse, à l’instar de l’objet qu’elle prend en charge, d’une dimension pratique, voire praxistique. La soma-esthétique que Richard Shusterman a fondée dans les années 1990 s’affiche précisément, et de manière pionnière, comme une esthétique praxistique passant par la manipulation effective du corps en vue de le perfectionner au quotidien et, à travers lui, de perfectionner les expériences esthétiques et artistiques dont il est reconnu comme le socle pensant constitutif. Aussi la soma-esthétique nous apparaît-elle comme une composante nécessaire de l’esthétique recherchée. Elle n’en constitue toutefois pas son point d’achèvement. C’est effectivement dans une esthétique proche – elle aussi teintée de pragmatisme –, mais plus aboutie sur la question des critères définitionnels du corps et de son environnement et en même temps de l’esthétique elle-même, que nous trouvons une théorie utile, non seulement pour définir le processus artistique, mais encore pour fonder une « éco-soma-artistique » chargée heuristiquement d’attirer l’attention, en milieu artistique, sur les dimensions esthétique et praxistique de l’écogeste. Cette esthétique philosophique prend le nom d’« esthétique énactive sense-making ».

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