Abstract

Je voudrais aborder dans cet article les paradoxes qui ressortent quand les mots des femmes maltraitées rencontrent les institutions et la loi. Dans un contexte de violence conjugale où les documents écrits sont rarement disponibles, les témoignages jouent un rôle essentiel. Porter plainte et s’exprimer contre la violence signifie prendre la parole en tant que sujet de droit afin de réclamer justice. Le recours au langage juridique revêt donc une valeur décisive, effective et symbolique dans la définition de la condition de victime. Néanmoins, la pression qui s’exerce sur la victime de violences conjugales pour qu’elle parle des faits, d’elle-même et de sa relation avec l’auteur, et pour qu’elle dénonce ce dernier à la justice, a des implications importantes. Ici, à partir d’une recherche menée en Italie je réfléchis à comment faire en sorte que la violence qui intervient dans les relations intimes devienne présente dans les institutions et comment le sujet maltraité se constitue-t-il devant elles. Le gouvernement de soi et la réflexivité rendent le témoignage intelligible et lui donnent une valeur juridique ; ils font des femmes des victimes fiables. Paradoxalement, cependant, les violences exercées dans une relation intime fournissent rarement une victime aussi parfaite : le sujet fiable qu’exigent les institutions ne correspond pas aux expériences, aux positions, aux décisions et aux hésitations des femmes.

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