Abstract

Située au coeur de la Caraïbe, l’île volcanique de Guadeloupe, ou Basse-Terre, recèle le plus important ensemble d’art rupestre précolombien des Petites Antilles. Ces manifestations graphiques sont généralement attribuées aux communautés céramistes horticoles très mobiles ayant vécu dans les Antilles au Néoindien entre env. 300 av. et 1200 apr. J.-C. Suite aux récentes recherches de terrain menées sur ces sites ornés de plein-air, de nombreuses données nouvelles ont été acquises. Leur analyse spatiale est proposée ici sur des bases quantitatives afin d’aborder les modalités socioculturelles d’ornementation et de fréquentation des sites ornés et, plus largement, le rapport à l’espace insulaire des sociétés précolombiennes ainsi que leurs interactions physiques et symboliques au sein de ce dernier. Les résultats obtenus font ressortir l’existence de plusieurs contextes topographiques distincts du point de vue de l’altitude et de la distance aux ressources en eau douce (source et/ ou rivière). Ils montrent par ailleurs que les sites côtiers occupent préférentiellement les zones du littoral les plus favorables au niveau pluviométrique, mais aussi les plus proches des îles avoisinantes. Une corrélation directe entre la position topographique des sites ornés, le degré d’élaboration et les dimensions des figures qu’ils comprennent est également relevée. Cette corrélation se traduit par une plus forte proportion de grandes figures élaborées aux embouchures et/ ou près de sources côtières comparativement aux sites de plateau et de rivière. Mis en perspective avec les réflexions actuelles sur la dimension archipélique des territoires précolombiens, ceci suggère une utilisation des sites ornés du littoral par une pluralité de groupes différents dans le cadre de leur approvisionnement en eau lors de trajets interinsulaires ou lors de rassemblements périodiques. Par contraste avec l’art rupestre de l’intérieur des terres, la forte proportion de grandes figures élaborées présentes sur les côtes est alors à envisager comme l’expression performative d’un rapport à des espaces partagés et aux autres groupes humains susceptibles de les fréquenter également.

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