Abstract

Objectif Le taux de mortalité par suicide parmi les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité du groupe B (TPB) se situe autour de 20 %. La haute prévalence de comorbidités anxiodépressives ainsi que l’abus de substances majorent ce risque. Selon des études récentes, l’insomnie persistante serait aussi un facteur de risque suicidaire dans ce groupe clinique. Les mécanismes expliquant cette association sont peu connus. Il a été proposé que des facteurs psychopathologiques comme la dysrégulation émotionnelle ou l’impulsivité pourraient agir comme médiateurs dans ce lien entre l’insomnie et le suicide. Afin de bien comprendre la relation insomnie-suicide dans le TPB, il est important d’identifier le rôle des comorbidités. L’étude comporte deux objectifs. Le premier vise à comparer la sévérité des symptômes d’insomnie et le niveau d’impulsivité d’un groupe avec TPB à ceux d’un groupe contrôle, le deuxième tente d’établir les relations entre l’insomnie, l’impulsivité, les comorbidités anxiodépressives, l’abus de substance et le risque suicidaire. Méthode Étude transversale portant sur 138 patients (âge moyen = 33,74 ; 58,7 % femmes) ayant un TPB. Les données de ce groupe, obtenues à partir d’une base de données d’un institut en santé mentale québécois (banque Signature : www.banquesignature.ca) ont été comparées à celles d’un groupe de 125 sujets sains appariés sur l’âge et le sexe et sans historique de trouble mental. C’est à l’admission aux urgences psychiatriques que le diagnostic de TPB a été déterminé à l’aide d’une entrevue diagnostique et que des questionnaires autorapportés mesurant l’anxiété, la dépression, l’impulsivité et l’abus de substances ont été remplis par les participants. Les participants du groupe contrôle se sont rendus au centre Signature afin de compléter ces mêmes questionnaires. Une matrice corrélationnelle et une régression linéaire multiple ont été utilisées pour explorer les relations entre les variables. Résultats Le groupe avec TPB présentait des symptômes d’insomnie plus élevés et des niveaux d’impulsivité supérieurs par rapport au groupe contrôle, à l’exception du temps total de sommeil. Dans le modèle de régression, la satisfaction envers le sommeil, le manque de préméditation, l’urgence positive, la dépression et l’utilisation de substances étaient significativement associés aux scores au Suicidal Behavior Questionnaire-Revised (SBQ-R). Ce modèle expliquait 46,7 % de la variance des scores au SBQ-R. Conclusion Les résultats ont permis de mettre en évidence, pour la première fois, les éléments d’insomnie et d’impulsivité qui distinguent un groupe avec TPB par rapport à un groupe contrôle sain. Cette étude indique que l’insomnie et l’impulsivité pourraient être des facteurs de risque suicidaire dans le TPB, indépendamment des comorbidités et de l’utilisation de substances. De futures études permettront de vérifier la pertinence clinique potentielle de ces éléments de risque pour cette patientèle.

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