Abstract

La vigne sauvage (Vitis vinifera ssp. sylvestris) est en déclin marqué depuis la fin du XIXe siècle. Depuis 2000, l’espèce est considérée en danger critique d’extinction. Des prospections dans la vallée du Rhône ont montré qu’il existait quelques micropopulations jusque dans le delta. Une population de 52 pieds de grandes dimensions et présentant un phénotype sauvage a récemment été découverte en rive gauche du Grand Rhône, dans le boisement privé du mas Saint-Georges. Une recherche pluridisciplinaire a été entreprise sur cette population de vignes afin de reconstituer leur histoire ; les outils utilisés ont été la génétique (effectuée sur 37 individus), l’écologie (dimensions des pieds, identification des porteurs), et la dendrochronologie effectuée sur 5 pieds. L’habitat forestier a également été analysé du point de vue architectural et dynamique de la lumière. Trente et un (31) individus ont été déterminés comme étant de véritables vignes sauvages, dont la diversité est légèrement inférieure à celle des autres populations européennes. Quatre sont des individus hybrides ou introgressés : deux entre vignes sauvages et vignes américaines, et deux entre vignes sauvages et vignes cultivées. Trois haplotypes typiques des vignes sauvages ont été déterminés, indiquant que ce site est à un point de convergence entre populations méditerranéennes du sud, de l’ouest et du centre de la Méditerranée. Le boisement a été suffisamment fermé pour éviter les échanges de pollen avec les vignes américaines échappées. À partir de ces données et de l’analyse des cartes anciennes, il a pu être déduit que ce boisement s’était développé au début du XXe siècle à partir d’un marais asséché par les aménagements hydrauliques. L’âge des vignes, estimé par la dendrochronologie à une fourchette de 38 à 50 ans, pourrait cependant être de l’âge de la forêt. Les vignes se seraient installées lors de la succession forestière. Les caractéristiques architecturales du boisement (à la fois dense et lumineux) ont permis à la vigne de s’y établir sur une longue durée. Actuellement, cette population ne se reproduit plus. Les conditions actuelles ne sont donc plus favorables à l’espèce, à l’inverse des populations échappées de porte-greffes, très abondantes en Camargue. Une protection forte de ces derniers pieds de vigne forestière devrait être mise en place avec l’accord des propriétaires.

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