Abstract

Au cours des deux dernières décennies, nos idées sur l'histoire économique moderne de la France et de l'Angleterre ont fait l'objet d'un sérieux réexamen. Les travaux concernant le poids de la fiscalité de part et d'autre de la Manche (Mathias et O'Brien, 1976 ; O'Brien, 1988) ont modifié nos vues sur la place relative de l'État dans les deux pays à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle. Sans nécessairement rectifier les thèses bien connues d'Heckscher sur le caractère plus interventionniste et mercantiliste des gouvernements français en comparaison de leurs homologues britanniques, des recherches récentes ont infirmé les idées reçues sur l'importance de l'Etat et le poids moyen de la fiscalité dans les deux nations. On'garde toutefois l'habitude d'opposer fortement les deux pays au XIXe siècle. Ainsi persiste-t-on à voir dans l'Angleterre l'État libéral et quasiment minimal par excellence, doté d'un gouvernement discret, pratiquant le laissez-faire à l'intérieur et le libre-échange à l'extérieur, tandis que la France aurait eu une économie arriérée et, sous la férule d'un gouvernement dirigiste, se serait fermée aux échanges. Pourquoi une telle différence? Comment concilier ces points de vue contradictoires et comment comprendre leur origine ? Il est d'autant plus problématique de rapprocher ces interprétations que des travaux révisionnistes en histoire économique ont largement contribué à détruire l'image d'un échec économique de la France au XIVe siècle.

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