Abstract

En Turquie, la sortie du « régime sécuritaire » en place depuis le début des années 1980, et caractérisé par la domination de l’armée, pose la question des conditions d’un changement politique et des manières de le saisir sociologiquement. J’invite à aller au-delà des coups d’éclat et des aménagements institutionnels formels dont le parti de gouvernement, l’AKP, est tenu pour le chef d’orchestre. Passer par l’étude d’une trajectoire de réformes de l’action publique migratoire et frontalière sur le temps long éclaire à nouveau frais la perte d’influence de l’armée sur l’activité gouvernementale que les observateurs datent de la seconde moitié des années 2000. Je renseigne à travers elle l’ascension de nouvelles coalitions bureaucratiques dans l’État, l’anticipation des stratégies gouvernementales par des fonctionnaires de police, du corps préfectoral et des experts européens dans leurs activités réformatrices et les « coups » portés à l’encontre de l’armée. Plus spécifiquement, je montre comment la fragmentation des lieux de la décision et de la légitimation politique par l’expertise dans le cadre de programmes d’aide européens financés par la politique de préadhésion produit des effets sur la mobilisation discrète de fonctionnaires dans un processus de subversion de l’ordre institutionnel sécuritaire.

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