Abstract

Le décor sculpté sur les plaques de chancel de la cathédrale Santa Maria Assunta d’Aquilée donne à voir un univers harmonieux qui canalise une matière en cours de transformation, à l’image de la spiritualisation du charnel par les sacrements. Les différents éléments qui composent cet univers sont liés les uns aux autres pour mieux mettre en lumière la cohérence de la Création. Dans cet espace construit, les frontières entre végétal, minéral, animal et ornemental se fondent et se confondent, tout comme la distinction entre animaux connus et imaginaires. Sur l’une des plaques du chancel, deux créatures empruntant des caractéristiques à des espèces animales terrestres, célestes et aquatiques s’abreuvent à l’Arbre-Fontaine de Vie, tirant un trait d’union entre ici-bas et au‑delà et apportant un espoir de salut. Affrontés, ils s’opposent pour faire obstacle au passage du fidèle, renforçant la fonction séparatrice du chancel, délimitant la frontière entre nef et chœur, entre les laïcs et les clercs. Présentés sur un support vertical face au fidèle, ces êtres composites participent au rapprochement de l’homme avec Dieu en l’invitant à faire corps avec le Christ par la communion, à s’en remettre, corps et âme, à l’Église. Faisant appel à l’ordre, la variété et la mesure, cet univers visuel rythmé invite à dépasser la frontière du visible, du sensible, du matériel, à se détacher de l’opposition ressemblance/dissemblance pour progresser vers l’invisible, l’intelligible et l’immatériel.

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