Effet de la variabilité climatique et des événements extrêmes sur la croissance d’Abies alba, Picea abies et Pinus sylvestris en climat tempéré français

Abstract

Les objectifs de cet article sont de mettre en evidence les effets du climat moyen et des evenements extremes sur la croissance radiale de trois especes de coniferes (Sapin pectine, Epicea commun et Pin sylvestre) et d’analyser les effets des gradients ecologiques sur ces reponses (altitude et reserve utile maximale en eau du sol, RUM). Les 33 peuplements du reseau RENECOFOR etudies correspondent a 8 pessieres (239 arbres), 11 sapinieres (328) et 14 pineraies sylvestres (419). Les conditions climatiques varient du climat oceanique de plaine chaud et sec au contexte montagnard froid et humide des Alpes. L’altitude varie de 400 a 1 700 m et la RUM de 50 a 190 mm. Pour les 33 sites, la reponse au climat a ete analysee separement pour le bois initial et pour le bois final. La reponse aux evenements extremes a ete apprehendee a l’aide des “annees caracteristiques” et celle au climat moyen a travers l’etablissement des fonctions de reponse au climat. Les froids hivernaux extremes ont cause des reductions plus fortes de croissance chez le Sapin par rapport a l’Epicea et particulierement pour les sites d’altitude ; le Pin sylvestre etant l’espece la moins sensible au froid. Des secheresses exceptionnelles causent des reductions importantes de croissance pour toutes les especes et ceci d’autant plus que les conditions locales de xericite augmentent : altitude inferieure a 800 m et RUM < 100 mm pour le Sapin et l’Epicea ; Pin sylvestre sous climat oceanique dans l’Ouest de la France. La largeur du bois initial pour le Sapin depend des temperatures des mois de septembre et novembre de l’annee n – 1 puis de celles de fevrier. Par la suite, le bilan hydrique de juin et juillet module la largeur du bois final. Pour l’Epicea, la largeur du bois initial depend egalement des temperatures du mois de septembre de l’annee n – 1, apres quoi les bilans hydriques de printemps et d’ete modulent la mise en place des deux compartiments. Enfin, la croissance annuelle du Pin sylvestre depend essentiellement du bilan hydrique estival. Globalement, l’augmentation des conditions locales d’aridite module plus fortement le bois final que le bois initial. Les resultats sont discutes vis-a-vis des changements climatiques.