Abstract

Cet article porte sur la commercialisation de la nostalgie du Sud par les enregistrements de blues feminin des annees 1920 (race records). Au tournant du siecle, un important mouvement de migration voit de nombreux Africains-Americains du Sud rural (en majorite des hommes) rejoindre le Nord urbain que la bourgeoisie noire presente comme un nouveau Jourdain. Le declenchement de la Premiere Guerre mondiale accentue le phenomene : le flux d’immigres europeens cesse et les industriels du Nord n’ont d’autre choix que de demarcher et d’embaucher des Noirs du Sud dans leurs usines. Les espoirs sont neanmoins vite decus et une crise identitaire frappe les migrants, stigmatises car juges inadaptes a la vie urbaine. Dans le meme temps des femmes noires vont enregistrer le blues, entretenir la nostalgie du Sud et transmettre le souvenir de la migration. Si l’integration des Noirs au modele fordiste permit l’emergence d’un marche noir et la commercialisation du blues, j’affirme que c’est un besoin identitaire qui a rendu necessaire le developpement des race records : contre le desespoir qu’aurait pu inspirer le deracinement, les migrants tirerent un parti creatif de la nostalgie qui les aida a survivre dans un monde hostile.

Full Text
Published version (Free)

Talk to us

Join us for a 30 min session where you can share your feedback and ask us any queries you have

Schedule a call