Abstract

Le terme colectivo est devenu l’une des expressions les plus répandues et controversées de l’ère Chávez au Venezuela. Si ce terme désigne en principe un sous-ensemble spécifique de partisans du gouvernement chaviste – à savoir, des groupes paraétatiques qui recourent à la violence armée pour le maintenir au pouvoir –, les colectivos demeurent un phénomène encore peu étudié, tant sur les plans conceptuel qu’empirique : les uns les décrivent comme des « paramilitaires », les autres comme des « groupes d’autodéfense » (ou de vigilantisme), tandis que d’aucuns avancent qu’ils contrôleraient jusqu’à 10 % du territoire vénézuélien. Cet article cherche à dépasser la confusion conceptuelle et empirique qui entoure ce terme. Il propose une analyse approfondie de l’évolution de ces groupes armés progouvernementaux, qui s’avèrent éminemment diversifiés au vu de leurs origines comme de leurs structures organisationnelles, de leurs positionnements idéologiques, de leurs rapports à l’État et de leurs répertoires d’action – mais qui ont cependant tous été regroupés sous ce même terme générique de colectivos. Cette appellation commune escamote des nuances de taille qui permettraient de construire un tableau plus complet des transformations du chavisme, d’un projet originel de démocratie participative à un projet de socialisme vertical qui a fini par accoucher d’un État autoritaire et d’une nation au bord de l’effondrement. Il s’agit ici de comprendre comment ces groupes perçus dans les premières années du chavisme comme marginaux voire indésirables – y compris par Chávez lui-même – ont pu devenir aussi prééminents que redoutés, et ce que la dépendance croissante du gouvernement Maduro à leur égard nous dit de l’état actuel du chavisme – aussi bien en tant que mouvement que système de gouvernement.

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