Abstract
Le 7 mars 1908, lorsque le prêtre moderniste et exégète Alfred Loisy se voit frappé de l’excommunication « vitandus », il vit retiré dans le calme de sa région champenoise natale. Il réalise que son passé de prêtre catholique pourrait lui interdire d’obtenir l’une des chaires destinées à la science laïque des religions durant les années polarisées qui entourent la Séparation des Églises et de l’État. C’est pourtant exactement ce qui arriva en mars 1909, lorsque Loisy fut nommé à la chaire d’histoire des religions au Collège de France, l’emportant sur le candidat élu en seconde ligne à peine un an auparavant, Marcel Mauss. Grâce à un dépouillement de la correspondance entre Loisy et les partisans de son élection, cette contribution démontrera que sa nomination fut le résultat d’une campagne stratégique, dirigée dans les coulisses par un réseau politico-académique influent. En quête des raisons profondes de cette élection inattendue, nous porterons notre attention sur les liens qui unissent les facteurs idéologiques, tels que l’antisocialisme et l’anticléricalisme, et les divergences méthodologiques, c’est-à-dire le fossé infranchissable entre les approches historico-historisantes de candidats comme Maurice Vernes et Jules Toutain d’une part, et l’école durkheimienne représentée par Mauss, d’autre part. La première moitié de ce chapitre est consacrée à la nomination de Loisy ; la deuxième essaie de reconstruire sa contribution souvent oubliée à l’histoire des religions, et la manière infatigable dont il a défendu une discipline qui ne fut pas seulement confrontée à des fractures internes, mais dont l’existence même a aussi continué à être contestée à droite et à gauche.
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