Abstract

Si la tradition bourdieusienne use du terme de « stratégie » pour rendre compte de l’ensemble des effets de circulation à l’intérieur d’un champ, ce terme peut aussi renvoyer très concrètement aux moyens déployés par les écrivains associés au « genre » pour maîtriser leur ethos et réinvestir la fonction-auteur ; alors que la littérature de genre, associée à la culture médiatique se donnant sous le signe de la sérialité, tend à récuser l’identité et le « nom » d’auteur ou à en faire l’équivalent d’une pure marque, il est intéressant de constater à cet égard que certains écrivains, associés notamment au roman policier, ont pu proposer à l’occasion au lecteur une autobiographie, ou en tout cas — tant la frontière entre autobiographie et autofiction peut s’avérer ici difficile à établir — déployer ce qu’on appellera un geste autobiographique dans des textes au statut parfois incertain, mais qui se donnent en tout état de cause selon des modalités différentes du reste de l’œuvre de leurs auteurs. On se penchera ici sur le cas d’Agatha Christie et de Jean Meckert, écrivains très différents mais confrontés tous deux à un rapport problématique aux questions de la mémoire et de l’identité, et aux problématiques croisées qui peuvent dès lors se lire dans leurs textes respectifs. Ce qui se lit ici de diverses manières, c’est de fait un ensemble de motifs et de moyens destinés à détourner les enjeux attendus du récit autobiographique pour mettre en scène une image d’écrivain en prise avec l’art et l’imaginaire créateur.

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