Abstract

Sur base d’une recherche sur l’enfance et la parentalité roms en Italie, menée « chez soi » mais auprès d’une minorité, l’article interroge l’engagement émotionnel et corporel de l’ethnographe pour saisir la portée de démarches réflexives et « réflectives » (Csordas, 1999) sous les angles théorique, méthodologique et épistémologique. Après examen des critiques faites aux théories postmodernes et considérant le savoir ethnographique comme le produit d’une expérience incarnée fondée sur la rencontre entre le chercheur et ses interlocuteurs, je proposerai dans un premier temps l’emploi de la réflectivité comme outil complémentaire à la réflexivité. Dans un deuxième temps, j’analyserai les émotions suscitées dans cette rencontre, décrivant ses dimensions objectives – mes caractéristiques sociales et celles de mes interlocuteurs – et subjectives – mes émotions et l’expérience interactionnelle des enquêtés. Je montrerai enfin que si les données objectives permettent d’examiner la relation d’enquête en tant que rapport social de sexe, d’âge et de statut, le focus sur l’(inter)subjectivité contribue à ce même travail d’objectivation des rapports dans l’interaction.

Highlights

  • Par rapport à mes précédentes enquêtes au Brésil (Sarcinelli, 2007), mon travail de thèse sur l’enfance et de la parentalité « roms »2 en Italie (Sarcinelli, 2014), réorientait mes recherches depuis l’anthropologie du loin vers l’anthropologie du proche

  • J’ai donc employé le terme de « minorité » pour me référer à l’ensemble des groupes et des personnes qui sont discriminés par les pouvoirs publics ou dans le monde social du fait d’être identifiés comme roms ou tsiganes

  • Si un certain nombre des émotions évoquées dans ces pages sont similaires à celles décrites par Bronislaw Malinowski (1963 [1922]) auxquels je réponds par un processus de domestication et de rationalisation (Benson, O’Neill, 2007), d’autres (l’insécurité, la peur du harcèlement sexuel, la méfiance, le bouleversement et la suspicion) laissent transparaître des aspects propres aux terrains caractérisés par une distance sociale importante entre le chercheur et ses interlocuteurs, comme entre les pratiques et les représentations de l’un et des autres (Duvoux, 2014)

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Summary

Introduction

Par rapport à mes précédentes enquêtes au Brésil (Sarcinelli, 2007), mon travail de thèse sur l’enfance et de la parentalité « roms »2 en Italie (Sarcinelli, 2014), réorientait mes recherches depuis l’anthropologie du loin vers l’anthropologie du proche. J’ai donc employé le terme de « minorité » pour me référer à l’ensemble des groupes et des personnes qui sont discriminés par les pouvoirs publics ou dans le monde social du fait d’être identifiés comme roms ou tsiganes. Le terme « camp non autorisé mais toléré » est celui utilisé par la police locale dans son document interne de classification des campements roms présents sur le territoire. C’est une famille assez aisée : le père, concessionnaire, possède des papiers et sa famille est en cours de régularisation ; les enfants sont tous nés à Milan et scolarisés depuis la maternelle, et la mère souhaite me payer pour leur donner des cours particuliers – ce que je refuse, afin d’entretenir des relations paritaires avec plusieurs familles pour mener à bien l’enquête. Ils prétendent contrôler mes relations avec les autres habitants : je me retrouve prise dans des réseaux de complicité et d’inimitié auxquels je vais devoir me confronter pour le reste de l’enquête

Une ethnographie itinérante
Conclusion
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