Abstract
De nos jours, les édifices catholiques sont souvent signalés dans les guides de voyage comme des lieux remarquables dans les villes africaines. À l’époque missionnaire pourtant, la construction des infrastructures chrétiennes répond plus à des impératifs prosaïques qu’à des enjeux esthétiques. La valeur patrimoniale des bâtiments est jugée secondaire par des missionnaires avant tout préoccupés par des questions financières et prosélytes. Ainsi les Pères Blancs qui opèrent en Haute-Volta et en Gold Coast intègrent-ils ces lieux dans leurs stratégies apostoliques pour donner de la visibilité à leurs activités sans pour autant grever leur budget de trop lourdes dépenses. C’est l’appropriation, par la suite, des lieux catholiques par les communautés de fidèles qui a donné un contenu identitaire aux édifices religieux. Devenus « géosymboles » de la chrétienté, plusieurs infrastructures missionnaires prennent une valeur symbolique et mémorielle à mesure que l’Église locale cherche à définir des espaces d’appartenance communs. Cet article s’appuie sur les cas de la Haute-Volta (devenue Burkina Faso) et de la Gold Coast (Ghana) pour interroger la patrimonialisation polysémique des bâtiments missionnaires aux époques coloniales et postcoloniales.
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