Abstract
Le sens commun est au cœur des conceptions épistémologiques de Thomas Reid. Pourtant, tout comme sa théorie positive, la réponse de Reid au scepticisme – ce qu’elle est censée établir et la manière dont elle le fait – est sujette à débat. Certes, dans la mesure où elle respecte et défend notre conception ordinaire de nous-mêmes comme détenteurs de connaissances provenant d’une variété de sources, toute réponse au scepticisme relève bien du « bon sens », compris au sens large. Reste que des commentateurs récents de Reid, de même que des penseurs contemporains s’inspirant de ses conceptions, s’opposent quant au rôle que pourrait jouer, s’il en a un, le sens commun dans la réponse de Reid au sceptique, et donc sur le fait de savoir si cette réponse peut bien être dite de « bon sens » d’une manière plus substantielle. Je soutiens que même ceux qui lui accordent une place dans la défense par Reid de nos conceptions épistémologiques préthéoriques sous-estiment l’importance qu’y a le sens commun tel que le conçoit Reid. En particulier, ils omettent le fait que, pour Reid, le sens commun a un aspect irréductiblement normatif et qu’une adhésion aux premiers principes du sens commun est, pour lui, une obligation minimale à laquelle doivent se soumettre le jugement et l’action rationnels, obligation à laquelle même le sceptique ne peut se soustraire.
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