Abstract

L'objet de cet article est de discuter de projets qui dans la Tchécoslovaquie des années soixante visaient à transformer l'opposition, entendue comme contestation non-institutionnelle, en opposition politique, c'est-à-dire en contestation reconnue par la constitution et rendue légitime par elle. Cette contestation était définie comme « une opposition loyale à l'intérieur du socialisme », ce qui en faisait un type nouveau dans la typologie des formes d'opposition. De tels projets prirent naissance parce qu'on se rendait compte qu'un degré élevé d'égalité économique n'assurait pas l'égalité politique. Bien au contraire l'égalité économique n'assurait pas l'égalité politique. Bien au contraire l'égalitarisme de caractère socio-économique pouvait servir à masquer l'inégalité du pouvoir socio-politique, défini en termes de participation et de commandement. Le principal obstacle à une politique plus égalitaire et plus compétitive a résidé dans la doctrine constitutionnelle du rôle dominant du parti communiste. En vue d'une solution à ce problème, la doctrine a été remise en question. Cette remise en question est étudiée dans l'article à l'aide de trois outils conceptuels: les notions de monocratie, de quasipluralisme et de pluralisme. Des hypothèses causales touchant au degré avancé d'indus-trialisation, au caractère accusé de la stratification sociale, aux traditions politiques nationales et aux changements politiques survenus à l'extérieur, sont mises de l'avant dans le but de rendre compte de cette remise en question. Sans nier leur valeur, il semble que c'est surtout le facteur idéologique qui explique le nouvel état d'esprit. C'est un nouvel intérêt pour les idéologies en elles-mêmes, plutôt que le déclin du facteur idéologique, qui fournit la meilleure explication du glissement qui s'est produit dans la façon de concevoir les partis. D'un concept de classe, on est passé à un concept pluraliste, mais à l'interieur d'un contexte non-capitaliste. Enfin, l'article rejette les théories qui considèrent comme inexorables et irréversibles les tendances à la démonopolisation des régimes monocratiques. Ces tendances sont plutôt considérées comme des événements historiques impondérables.

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