Abstract

On pense generalement la scene beckettienne comme une scene vide ou en train de le devenir. Il est vrai que les choses, que l'on identifiera provisoirement aux objets, qui l'occupent - et occupent du meme coup les personnages - apparaissent comme des restes. Dernieres possessions, tantot bien reelles sur scene, tantot deja absentes, et seulement evoquees, invoquees, debris de sujet, ils sont ce qui reste pour que ce sujet ait pourtant encore la possibilite de se dire, pour que « quelque chose sui[ve] son cours ». C'est ce que l'on trouve dans toutes les premieres pieces de Beckett, et dont l'exemple le plus « parlant » est peut-etre Oh les beaux jours. Peu a peu pourtant, les objets sont tout a fait evacues, tandis que ce qui reste est une voix. Si elle est encore parfois associee a un objet - le magnetophone de La Derniere bande, le haut parleur de Quoi ou - et semble alors encore faire fonction de personnage - la voix de la mere de May dans Pas, les voix du sujet demultiplie de La Derniere bande toujours, ou de Cette fois, celle decalee de la femme assise de Berceuse - la facon dont elle est associee a la bouche de Pas moi semble suggerer une toute autre dimension. Cette voix est une chose, qui se confond avec la bouche, avec la langue, a la fois organe et parole. Desormais ce ne sont plus les choses qui permettent de parler, mais la parole qui est La Chose meme, passant dans ce feminin singulier a l'irrepresentable.

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