Abstract

La critique britannique de Balzac nous met au défi : en apparence marginale, elle est en réalité un miroir, voire peut-être le miroir de la création balzacienne. Cet article se présente en deux parties et se donne pour objet de survoler l’ensemble de la critique britannique du Balzac des débuts à l’époque actuelle. La première partie prend comme point de départ la révolution de 1830, qui précède la publication de toute œuvre ou compte rendu de Balzac en Angleterre mais qui est souvent mise à contribution pour expliquer le caractère « convulsionnaire » de Balzac et de ses pairs. Nous passons en revue les points forts de la réception et donc de la conception britannique de son œuvre ; fonctions nées jumelles dès la publication et la critique simultanées de Ferragus à Paris et à Londres en 1834, et confortées ensuite par bien des moments clés, et dont l’exemple capital est peut-être la nébuleuse anglo-française autour d’un tableau du peintre Egg, ami de Dickens, auquel Taine confronte Balzac pour lancer sa vision d’une littérature impassible et artiste qui se jouerait de l’exemplarité morale pour halluciner le vrai. Cette littérature serait incarnée avant tout, mais sans doute à l’insu de la plupart des Anglais, par Shakespeare, à qui Balzac sera comparé par Lesley Stephen, et avec qui James, Wilde et Symons salueraient un Balzac puissant et visionnaire.

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