Abstract

RÉSUMÉ Cette étude met en perspective le précédent constitué par les travaux précoces du jeune Nietzsche où ce dernier fait valoir la force structurante de la métaphore comme matrice des facultés cognitives. Nous offrons d’abord une brève esquisse des postulats et des acquis des grammaires cognitives associées aux travaux d’Eleanor Rosch, ensuite de George Lakoff et Mark Johnson, ainsi qu’à la notion d’inscription corporelle de l’esprit développée par Francesco Varela. Cet exercice sert de propédeutique à une série de lectures tangentes mobilisant divers angles d’approche appelés à faciliter noter évaluation des contributions de Nietzsche au domaine de la cognition. Les travaux examinés nous situent dans la période contemporaine de la publication de son premier grand ouvrage, La naissance de la tragédie (1872) : les notes pour le cours intitulé Présentation de la rhétorique ancienne (Darstellung der antiken Rhetorik), prononcé au semestre d’hiver 1872-1873 à l’Université de Bâle, ensuite ses Theoretische Studien, datant de l’été 1873, avec un renvoi aux développements plus tardifs dans le Gai Savoir (1882). La thèse de Nietzsche peut être résumée comme suit : tous les éléments de l’appareil catégorial et du régime conceptuel à l’aide desquels nous appréhendons la réalité, a fortiori la notion de vérité qui en est le garant, sont le « précipité » ou le résidu d’un faisceau de métaphores qui constituent la force structurante des facultés cognitives. Si chez Kant nous n’avons accès qu’aux phénomènes et non au noumène, chez Nietzsche nous n’avons affaire qu’à des perspectives ou des points de vues alors que la réalité nous est monnayée sous forme de vérités qui sont des fictions ou des métaphores usées. Il ressort de cet examen que le tropisme endogène de la langue constitue une force majeure dans l’implémentation d’une conceptualité qui a la vertu d’oblitérer sa préhistoire et de se ménager un statut qui est incessamment implosé par le reflux de l’imagination créatrice nourrie par la force métaphorique qui répond à une impulsion foncière que Nietzsche associe à une « force artiste » (Kunstkraft) qui tend à démultiplier les perspectives dont la généalogie se conjugue à l’exponentiel.

Highlights

  • Qu’on y adhère ou s’en distancie, la pertinence des travaux de George Lakoff et de Mark Johnson (1980) sur la métaphore comme force structurante de la conceptualité n’a plus à être mise en doute

  • We examine the guidelines of the works on cognitive research led by great Eleanor Rosch, George Lakoff and Mark Johnson, as well as the concept of embodied mind developed by Francesco Varela

  • Sa description du champ phénoménal n’est pas non plus sans rappeler la perspective holistique qui prévaut dans la cosmologie bouddhique, en l’occurrence l’interdépendance de tous les êtres et les formes dont l’impermanence dissout toute considération d’une identité substantielle, mais encore d’une causalité stricte ou d’un événement isolé que l’on pourrait abstraire d’une loi de processus multilatéralement immanente et diffuse : Cause et effet : pareille dualité n’existe probablement jamais – en vérité nous avons affaire à un continuum dont nous isolons quelques fractions; de même que nous ne percevons jamais que les points isolés d’un mouvement que nous ne voyons pas en somme, mais que nous ne faisons que supposer

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Summary

Introduction

Qu’on y adhère ou s’en distancie, la pertinence des travaux de George Lakoff et de Mark Johnson (1980) sur la métaphore comme force structurante de la conceptualité n’a plus à être mise en doute.

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