Abstract

Resume L’objectif de cette etude est d’explorer un lien entre un vecu d’abus sexuel et une situation d’inaptitude a l’education physique et sportive ( eps ), appelee communement « dispense de sport ». Population Nous avons interviewe 361 adolescents de classe de seconde de deux lycees d’enseignement general ou des eleves de niveau equivalent (premiere annee de bep ) d’un lycee d’enseignement professionnel de Tours (France) : soit 43 % de garcons, n = 151 et 57 % de filles, n = 204 ; âge moyen 16,58 ans, ET 0,87 an et etendue 4,67 ans. Materiel Des questions exploraient un vecu anterieur d’abus sexuel (attouchements [1] ou sexualite forcee [2]) et le fait d’avoir deja beneficie au cours de sa scolarite d’un certificat d’inaptitude a l’ eps : (a) a l’annee, (b) de plus de trois mois, (c) pour des durees breves, mais repetees et representant au total plus de trois mois et (d) le fait d’etre parfois absent du cours sans raison valable. Ces questions etaient completees par des echelles sur la sante psychique (General Health Questionnaire, Goldberg 1972), l’estime de Soi (Rosenberg’s Self-Esteem Scale, Rosenberg 1965) et le niveau d’ideation suicidaire (Suicidal Ideation Questionnaire, Reynolds 1987). Procedure En avril 2004 en classe (anonymat garanti et participation basee sur le volontariat). Resultats La prevalence des abus sexuels parmi ceux qui ont beneficie d’une inaptitude a l’ eps est importante. Le vecu d’attouchements (1) parmi (a) les inaptitudes annuelles concerne 10,8 % des filles (n = 3) ; (b) 32,1 % (n = 9) pour les inaptitudes de plus de trois mois et (c) 50 % (n = 28) pour celles cumulees. Le seul garcon concerne n’a beneficie d’aucun certificat d’inaptitude. Le vecu d’une sexualite forcee (2) concerne respectivement (a) 16,7 % des filles (n = 2), (b) 41,7 % (n = 5) et (c) 50 % (n = 6). Tandis qu’un des deux garcons concerne a beneficie de toutes les formes de certificat d’inaptitude. Ces resultats sont confirmes par une analyse de variance. Pour les adolescentes, nous ne retrouvons un effet significatif que sur les inaptitudes de courte duree et cumulees (superieures a trois mois d’arret) pour le vecu de violences sexuelles, ou de rapport sexuel force. Pour les garcons, il existe une influence de la sexualite contrainte sur les inaptitudes annuelles. Une recherche de correlations complete cette approche. On retrouve un lien entre inaptitudes cumulees (superieures trois mois) et un vecu d’attouchements, et de relations sexuelles contraintes. Il existe egalement une relation significative entre les inaptitudes superieures a trois mois et les relations sexuelles forcees, et des liens entre l’absenteisme au cours d’ eps et les deux situations d’abus. Ces resultats ont ete completes par l’etude des relations entre ce vecu d’abus sexuel et les variables psychologiques : les filles concernees presentent une plus grande morbidite psychique, une moins bonne estime d’elles-memes et davantage d’ideations suicidaires. Discussion Cette etude montre l’existence d’un lien entre inaptitude a l’ eps et vecu d’abus sexuel. L’expression de la souffrance psychique au travers d’une demande de certificat pour inaptitude a l’ eps est moins reperable que des conduites a risque « bruyantes ». Par consequent, toute demande d’inaptitude a l’ eps de longue duree (annuelle ou de plus de trois mois) doit attirer l’attention des professionnels. Celles de courte duree et qui se repetent doivent faire l’objet d’une vigilance accrue, puisqu’elles ne sont pas controlees par le medecin scolaire. Ces situations d’inaptitudes ne peuvent etre systematiquement rapprochees d’un vecu d’abus sexuel, mais elles sont une bonne occasion d’evaluer la sante psychique de l’adolescent, la qualite de son soutien social et du fonctionnement familial. Cette recherche apporte des premiers constats qu’il s’agira de completer par des travaux ulterieurs.

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