Nous réalisons une comparaison des deux méthodes développées par André Leroi-Gourhan pour étudier les sols d’habitat et les grottes ornées paléolithiques, dans les années 1960-1970. Leur but était d’approcher l’espace-temps vécu des groupes préhistoriques, dans leurs habitats et dans leurs sanctuaires, pour construire des interprétations paléo-ethnologiques de leur vie matérielle et intellectuelle. Ce projet faisait partie des courants qui voulaient dépasser l’approche chrono-stylistique dominante, via un rapprochement de l’archéologie aux sciences humaines. Notre analyse montre que, même en contribuant à éviter l’anachronisme ethnographique, et à augmenter le détail et la rigueur analytique, ces méthodes ont fini par limiter l’étude des temporalités à deux extrêmes déshumanisés de la durée, en créant deux spécialités séparées. Après Leroi-Gourhan, des membres de son école et d’autres chercheurs ont exploré d’autres pistes pour accéder à la multiplicité de temporalités du registre archéologique via la mise en évidence de nouveaux patrons de structuration spatio-temporelle des vestiges (patchworks de micro-durées).
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