La nociception et son expression la plus élaborée sur le plan cognitif, la douleur, constituent un signal d’alarme qui protège l’organisme : elles déclenchent des réactions dont la finalité est de diminuer la cause qui les a provoquées et d’en limiter ainsi les conséquences. Un stimulus nociceptif active un ensemble discret d’organes sensoriels, les nocicepteurs, terminaisons libres de fibres amyéliniques qui tapissent l’ensemble des tissus. Ces nocicepteurs sont polymodaux, c’est-à-dire qu’ils répondent à des stimulus de différentes natures physiques (thermique, mécanique, chimique). Le message nociceptif est relayé dans la corne dorsale de la moelle épinière pour être distribué vers les cornes ventrale et latérale (réflexes somatiques et végétatifs) et dans de nombreuses structures cérébrales, notamment la formation réticulée, le thalamus et plusieurs aires corticales. Ces dernières incluent chez l’homme les cortex somesthésiques primaire et secondaire et surtout les cortex cingulaire et insulaire qui appartiennent au système limbique, essentiel dans la genèse des émotions. Les systèmes nociceptifs sont très anciens dans la phylogenèse. Ce n’est qu’avec l’apparition du cerveau émotionnel (limbique), que l’on peut parler de douleur au sens d’une expérience sensorielle et émotionnelle. Comme l’absence de communication verbale sera toujours un obstacle pour évaluer la douleur de l’animal, il est suggéré que, pour mieux la comprendre, l’incontournable anthropomorphisme se nourrisse des données neuropsychologiques.