AbstractQuébec’s status as a potentially colonial space that underwent a process akin to decolonization during the Révolution tranquille has generated much critical attention in recent years, as scholars consider how Québec’s liberatory struggles resonate with other narratives of decolonization around the globe. Roch Carrier’s first and most renowned novel, La Guerre, Yes Sir! (1968), deserves particular attention as a literary work that interrogates Québec’s colonial dynamics. While scholars have emphasized the images of the body in Carrier’s work, with particular consideration of La Guerre, Yes Sir!’s carnivalesque elements, no study thus far has focused on how shifting depictions of individual bodies over time and space allegorize transformations of an imagined national body. In this article, I argue that La Guerre, Yes Sir! dramatizes Québec’s struggle to regain possession of and define its national body, as represented by the villagers’ desire to recover physical and symbolic possession of the corpse of the fallen soldier, Corriveau. Specifically, I examine Carrier’s engagement with familiar tropes of contemporaneous anticolonial writing, such as the wounded or cannibalized body, demonstrating the community’s power to ultimately reinterpret them. This article concludes by considering how the novel’s final scenes critique the nationalism that seems a prerequisite for the villagers’ assertion of autonomy.RésuméLa notion d’un Québec considéré comme un espace colonial ayant traversé, durant la Révolution tranquille, un processus qui s’apparente à une décolonisation, a suscité, dernièrement, un vif intérêt de la critique postcoloniale. Ainsi, les spécialistes analysent la manière dont les combats pour l’autonomie du Québec font écho à d’autres mouvements de décolonisation à travers le monde. Dans cette optique, le premier roman de Roch Carrier, La Guerre, Yes Sir! (1968), mérite une attention particulière en tant qu’ouvrage littéraire interrogeant la dynamique coloniale québécoise. De nombreux travaux ont insisté sur les images du corps chez Carrier, en s’appuyant notamment sur les aspects carnavalesques de La Guerre, Yes Sir! Il semble pourtant, qu’à ce jour, aucune étude n’ait été consacrée à la manière dont les représentations changeantes des corps figurent comme une allégorie des transformations successives du corps imaginaire national. Dans cet article, j’explore l’idée selon laquelle La Guerre, Yes Sir! illustre la lutte du Québec pour l’autodétermination et le contrôle de son intégrité physique. Cette lutte est apparente dans les efforts des villageois pour récupérer le corps du soldat Corriveau, combattant tombé au champ d’honneur. Plus précisément, j’examine l’adoption par Carrier de lieux communs de la littérature contemporaine anticoloniale, comme le corps blessé ou cannibalisé, et sa démonstration du pouvoir que le groupe a de les réinterpréter. Cet article s’achève sur un examen des scènes finales et de leur charge contre le nationalisme qui se révèle, chez les villageois, comme condition préalable à l’affirmation de l’autonomie.