Abstract

Cet article s’intéresse à un passage de Sphères de justice dans lequel Michael Walzer affirme que, vis-à-vis de « tout groupe de personnes que nous avons aidées à devenir des réfugiés », nous avons « certaines obligations du même type que celles que nous avons vis-à-vis de nos compatriotes ». L’argument est souvent utilisé dans le champ de la justice migratoire pour appuyer une conception réparatrice de l’asile, selon laquelle l’admission durable sur le territoire constituerait un moyen pour les États de réparer les torts qu’ils ont infligés aux non-membres, notamment du fait de leurs interventions extérieures. Or, une telle interprétation contredit le sens premier du texte de Walzer, qui est de circonscrire les limites de la communauté politique : la transformation des individus en réfugiés constitue pour lui la source d’une relation d’affinité. En recourant à cet argument, qu’on peut appeler l’argument du tort comme affinité, il espère répondre à la question : qui est Américain ? L’objectif de l’article est de restituer le plus exactement possible le sens de l’argument chez Walzer, afin de donner les clés d’une évaluation normative de sa force et de son intérêt dans le cadre de la justice migratoire.

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