Abstract

Dans son œuvre religieuse, Francisco Guerrero exploite à plusieurs reprises un type de composition contrapuntique relativement peu répandu à son époque: l'écriture sur cantus firmus ostinato. Pour les musicologues germaniques, ceci représente une des formes ultimes du motet isorythmique médiéval. Le travail architectural, particulièrement soigné, y est ordonné par une véritable arithmétique musicale, issue de l'ars música mathematica. Guerrero honore ainsi la tradition de ses prédécesseurs, illustrée par le Miserere à 5 voix de Josquin des Prés. Il suit également son maître Cristobal de Morales en lui empruntant, semble-t-il, quelques modèles. Mais son écriture sait se mettre au goût du jour, et confère à l'ostinato un sens et une efficacité oratoires dignes d'un grand rhétoricien. Cet aspect de sa personnalité musicale s'unit harmonieusement à son côté novateur -celui des villancicos et des motets polychorauxpour témoigner de son génie universel.

Highlights

  • L'œuvre de Francisco Guerrero présente un certain nombre d'aspects typiquement ibériques, comme les villancicos, canciones et villanescas

  • -le texte traité; -la partie vocale choisie; -la mélodie, son origine et son mode d'élaboration; -la notation originale de la voix, qui forme l'architecture de la pièce par l'intermédiaire du nombre de répétitions, de leurs dimensions et de leurs techniques de réalisation; une typologie très riche apparaît alors, comme on le voit plus loin; -l'insertion de l'ostinato dans la polyphonie, qu'il entre dans le jeu des entrées ou qu'il reste indépendant; -les compléments d'analyse "sémantique", permettant de préciser la portée de la pièce en faisant appel à différents aspects de la culture ancienne comme la rhétorique

  • Il peut en effet entrer et sortir du jeu imitatif à tout moment, se laissant prendre dans la trame de l'exposition de chaque nouveau sujet, ce qui est le cas à l'incipit, lorsqu'il traite le même motif que les autres voix

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Summary

Introduction

L'œuvre de Francisco Guerrero présente un certain nombre d'aspects typiquement ibériques, comme les villancicos, canciones et villanescas. La voce ostinata est parfois d'une extrême simplicité, comme dans les œuvres écrites à l'imitation des cloches ou des trompettes {ad modum campanarum/tubarum); ainsi, le second motet de Busnois cité cidessus ne répète qu'une seule note, qui était peut-être jouée par une cloche, selon Gustave Reese^^. Signalons néanmoins que ce sont les pièces où cette technique est exploitée avec le plus de simplicité -répétition identique dans la même voix- qui ont eu la plus grande postérité. Le ténor miserere mei Deus se retrouve, plus ou moins modifié rythmiquement, dans les motets suivants^°: Misereatur mei, motet de Jean Richafort (1532); ostinato à l'altus; Peccantem me quotidie, motet de Jachet Berchem (1542); ostinato à la sexta vox\ in: CMM III D'une façon générale, il semble que le motet sur ostinato^"^ devienne, après Josquin et ses contemporains, une sorte de passage obligé dans toute carrière de compositeur, et ce jusqu'à la fin du XVle s.

27. Publié dans Gallus Dressier
Classifications et analyses des pièces bâties sur ostinato
Conclusion
90. Voir à ce sujet Joël Heuillon

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